10 mars 2022
Lauréate du Gala Luminescence 2021 dans la catégorie Implication sociale et communautaire, Déborah Cherenfant (HEC Montréal 2009) est arrivée au Québec en 2005, motivée par son désir d’étudier l’entrepreneuriat à HEC Montréal. Depuis, elle multiplie les projets en souhaitant changer les perceptions. L’audacieuse et inspirante diplômée discute notamment avec nous des souvenirs qu’elle garde de ses études, de leadership féminin, de diversité et d’égalité des chances.
Siégeant à une dizaine de conseils d’administration qui s’alignent à ses valeurs, la directrice régionale, femmes entrepreneures, Québec et Atlantique pour le Groupe Banque TD sait aussi porter plusieurs autres chapeaux qui, chaque fois, lui siéent à merveille : conférencière, animatrice, entrepreneure, chroniqueuse, présidente de la Jeune Chambre de commerce de Montréal…
Elle a entre autres créé le blogue Mots d’Elles, qui a présenté plus d’une centaine de modèles féminins de réussite, et l’entreprise Coloré, une marque d’accessoires mode et déco qui met en exergue le talent des femmes immigrantes. Lauréate du prix Femmes de mérite, catégorie Entrepreneuriat de la Fondation Y des femmes de Montréal et nommée Personnalité de la semaine par La Presse en 2016, elle est aussi co-instigatrice du balado Angles morts, diffusé sur le site lesaffaires.com.
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C’était très impressionnant, et je crois que ça fait partie du pouvoir d’attraction de HEC Montréal. Il y avait ce côté presque solennel et formel en ce qui a trait aux bâtisses, qui collait beaucoup à mon éducation à Haïti. Je retrouvais donc à HEC Montréal ce côté et me sentais un peu chez moi.
Je pense également aux gens qui y ont été mes amis et le sont encore aujourd’hui, même expatriés à Londres, à Dubaï, au Maroc, etc. Je me rappelle de beaucoup de professeurs qui ont marqué mes études : Joseph Facal, Louise Péloquin, Omar Aktouf, etc. Ç’a été vraiment de bons moments, des moments de dur labeur, on ne va pas se mentir… En fait, j’ai tellement voulu aller à HEC Montréal que je n’ai pas vu les années passer.
Je ne désire pas convaincre des gens que les femmes ont leur place comme leaders, mais plutôt qu’on valorise le leadership féminin et utilise les bons mots pour le décrire. Au fil des années, il a pris différentes formes. Il y a 10 ans, on parlait de place, ensuite de parité et, aujourd’hui, beaucoup de l’aspect de l’intersectionnalité, ce qui est très positif. On intègre aussi dans cette notion de leadership féminin le fait qu’on n’a pas besoin d’être dans un rôle décisionnel pour en avoir.
Quand on ne parlera plus de leadership féminin et qu’on parlera de leadership tout court, c’est à ce moment qu’on se dira qu’on avance dans la bonne direction.
Je pense qu’en matière de priorités aujourd’hui, il faut prendre un tout petit pas de côté pour faire 2 constats. Tout d’abord, c’est important de ne pas considérer seulement des gens de la diversité comme de la diversité.
Moi, je suis Déborah, la fille de, une femme, une Haïtienne, une personne noire, bref, je suis plein de choses avant d’être de la diversité. Nous devons être en mesure d’aller au-delà de la diversité, car sinon on va épuiser très rapidement ce discours.
Ensuite, je veux qu’on soit en mesure de considérer la diversité, mais aussi d’aller au-delà de nos ressentis émotionnels personnels, de ce qui nous choque, nous rend mal à l’aise pour nous ouvrir un peu plus à l’autre. Le plus important dans la discussion, c’est ce que la personne en face de nous est en train de nous communiquer comme message, comme apprentissage. Je souhaite qu’on facilite le bien-être de l’autre parce que je pense qu’on n’a pas encore réalisé à quel point lorsque l’autre est bien, nous le sommes aussi.
J’aimerais beaucoup que la société québécoise se rappelle cette valeur essentielle qu’est l’égalité des chances qui, pour moi, résonne et fait en sorte que je décide de faire ma vie ici. Celle-ci a permis beaucoup de choses dans les années 1950 et 1960, par rapport à la création de plusieurs instances et lois. Cette égalité des chances, il faut qu’on la veuille pour nous, le Québec, et pour les gens qui composent et font le Québec.
Le jour où le « on » va devenir « nous », nous passerons à une autre étape. Je souhaite que nous marchions collectivement et suis convaincue qu’on peut y arriver.
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