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Gwenaelle Thibaut : Ensemble dans la diversité

15 septembre 2022

Avocate pour de grands cabinets, Gwenaelle Thibaut (HEC Montréal 2017) a quitté Québec pour explorer de nouveaux horizons. Ses études de MBA lui ont ouvert les yeux sur la suite de son parcours : elle se réalise maintenant au sein de Montréal International comme directrice, développement des affaires, Europe francophone – investissements étrangers, en plus d’être passionnée par l’employabilité de la diversité sous toutes ses formes. Elle a d’ailleurs instauré le mouvement Ensemble inc., avec toute la détermination qui la caractérise.

Elle souhaite par cette organisation défier l’homogénéité existante dans le monde des affaires en incitant les gestionnaires à agir dès maintenant. Et c’est bien parti, puisqu’à ce jour plus de 200 personnes signataires se sont engagées.

Mais pour cette véritable actrice du changement qui a aussi fait partie de la cohorte Avant-garde CIRANO 2020, une plateforme d’accélération et de formation, et de celle des Cravates roses en 2019, une initiative visant à faciliter la voie aux femmes intéressées par la gouvernance, il reste beaucoup à faire.

C’est pourquoi elle poursuit ses efforts en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI), en plus de s’impliquer activement dans la communauté au sein de divers conseils d’administration dans les domaines universitaire et culturel.

Dans le cadre de la rentrée, elle nous parle entre autres de l’importance de HEC Montréal dans son cheminement, de son intérêt pour les notions d’EDI et d’intelligence collective.

QUELLE A ÉTÉ L’INCIDENCE DE HEC MONTRÉAL SUR VOTRE VIE PROFESSIONNELLE ET PERSONNELLE?

La plus grande incidence, c’est sans contredit le réseau que j’y ai bâti. Aussi, en participant à un campus international en Chine, j’ai trouvé ce que je voulais faire après mon MBA. On rencontrait quotidiennement des entreprises pour en savoir plus sur leurs stratégies internationales; j’ai tellement aimé cela que je rêvais d’en faire ma 2e carrière. Et j’ai découvert par cette immersion que ça correspondait à la mission de Montréal International.

QU’EST-CE QUI A ÉVEILLÉ VOTRE INTÉRÊT ENVERS LES QUESTIONS D’EDI?

J’ai toujours eu cela à cœur. Et en fait, la 3e incidence de HEC Montréal sur mon parcours, c’est la constatation de la richesse d’une équipe diversifiée. Je n’ai jamais été entourée d’autant d’intelligence que dans une classe de MBA, à cause de sa diversité. Un groupe de MBA, c’est l’antithèse d’une chambre d’écho. J’y ai réalisé que toutes les entreprises devraient tirer avantage de cette intelligence collective pour être plus créatives, profitables, bénéfiques pour la société.

La diversité, c’est l’antithèse des algorithmes qui nous amènent toutes et tous dans la même direction de pensée. Le monde des affaires doit y donner plus de place pour qu’il ait la force d’une classe de MBA.

QUELLES QUALITÉS SONT NÉCESSAIRES POUR CHANGER LES PRATIQUES EN MATIÈRE D’EDI?

La 1re qualité, c’est l’humilité. Il faut partir du principe qu’on est imparfaites et imparfaits, et qu’on doit s’améliorer. L’humilité va aussi avec la 2e qualité requise, soit le courage de voir les problèmes, d’agir, de dénoncer et d’évoluer. Nous devons également avoir la curiosité d’apprendre sur l’autre pour faire avancer la cause de manière bienveillante. De cette façon, les autres vont s’ouvrir à toi.

Plus on va avoir cette diversité dans les équipes, plus nos angles morts vont être soulevés en amont, plus les décisions prises seront éclairées et plus on évitera les faux pas.

QUELS SONT LES PRINCIPAUX DÉFIS QUI ONT ÉTÉ RELEVÉS EN MATIÈRE D’EDI ET CEUX QUI DEVRAIENT ÊTRE PRIORISÉS?

Il n’y a pas une seule façon de faire, et c’est le défi no 1. La plus importante avancée, c’est qu’on en parle. On a créé des emplois en EDI qui n’existaient pas au préalable, des comités, des politiques… Certaines entreprises le font parfois juste pour bien paraître, mais au moins on a commencé à en discuter.

Il faudrait que des quotas soient imposés d’un point de vue législatif ou organisationnel (ex. : 33 % de mon personnel sera issu de la diversité en 2024). Je crois à la bienveillance et à la volonté des gens, mais souvent, quand tu ne fixes pas d’objectifs obligatoires, ça évolue à pas de tortue ou pas du tout. Des quotas, ça accélère le changement, en plus de permettre de découvrir qu’il y a des personnes de la diversité disponibles et compétentes pour les postes.

QUELS SONT LES PLUS GRANDS FREINS ET POINTS DE VIGILANCE?

Un des plus gros freins à l’EDI, c’est nous-mêmes. Tout le monde a des biais, même quand on a de bonnes intentions. J’entends plusieurs individus affirmer qu’ils ne voient pas les couleurs des autres, leur orientation sexuelle, etc. Penser cela, c’est être le problème en quelque sorte. Comment faire pour s’améliorer si on croit que tout est OK? Il faut prendre conscience de nos biais et les travailler. C’est un exercice perpétuel de formation, de prise de conscience et d’humilité.

AVEZ-VOUS UN MESSAGE PARTICULIER À LANCER AUX GESTIONNAIRES, ENTREPRENEUSES ET ENTREPRENEURS PAR RAPPORT AUX ENJEUX D’EDI?

Je leur dirais de s’engager, de s’obliger à faire une différence, peu importe l’ampleur du geste : écouter un balado ou lire sur les réalités autochtones, suivre une formation, effectuer un test sur ses biais inconscients, etc. Surtout en contexte de pénurie de main-d’œuvre, on pourrait tellement mieux exploiter le bassin de talents à notre disposition! C’est un bon moment pour inciter le milieu des affaires à s’ouvrir et à voir d’autres avenues.

Nous faisons toutes et tous partie du problème, donc de la solution. Qu’on soit présidente ou président, secrétaire, conseillère ou conseiller, nous pouvons agir pour la diversité.

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