10 février 2022
L’entreprise qu’ils ont lancée officiellement en 2015 mettant en valeur la culture haïtienne et leur rencontre ayant eu lieu sur les bancs de l’École, Stevens Charles et Myriam Jean-Baptiste (HEC Montréal 2006) sont les ambassadeurs par excellence en ce mois de l’amour et de l’histoire des Noir.e.s à la fois.
Tous 2 diplômés du baccalauréat en administration des affaires de l’École, les cofondateurs de LS Cream Liqueur ont su par leur persévérance mettre en marché avec grand succès leur boisson alcoolisée inspirée par une fameuse recette haïtienne appelée « crémasse ».
En plus d’avoir remporté de nombreux prix, dont 2 médailles d’or à la Wines and Spirits Wholesalers of America Competition, à Las Vegas, leur produit est le 1er et le seul créé par des Québécois d’origine haïtienne qui se retrouve sur les tablettes de la SAQ, de même que dans plus de 500 points de vente aux États-Unis.
Stevens Charles a d’ailleurs travaillé avec acharnement pour que leur entreprise puisse connaître cette réussite, ayant même participé à l’émission Dans l’œil du dragon, en 2017. Directeur, développement hypothécaire à la Banque Nationale de 2008 à 2015, il y a brillé par ses compétences en développement d’affaires, en management et en leadership. Élevé à Montréal-Nord, il n’hésite pas à redonner à la communauté.
Nommée parmi les 10 Black Women to Watch in the Spirits Industry en 2021 par le site Thrillist, Myriam Jean-Baptiste a largement fait ses preuves au sein du Cirque du Soleil comme gestionnaire, développement d’affaires et gestionnaire de comptes, avant de joindre Stevens à temps plein dans leur projet. Elle continue de s’y démarquer par sa grande expertise en ventes et en développement des affaires.
Ensemble, les jeunes parents de 2 enfants bâtissent assurément un bel héritage pour leur famille, tout en veillant à changer certains paradigmes...
SC : Myriam était dans le groupe d’un ami et a attiré mon œil directement. J’ai laissé savoir mon intérêt sans tarder, puis les choses se sont déroulées rapidement.
MJB : C’est vraiment drôle d’entendre sa version, car ce n’est pas exactement la mienne haha! Effectivement, il connaissait un de mes très bons amis, on se croisait souvent dans le corridor, mais il m’ignorait complètement au début.
SC : Ça faisait partie de ma stratégie!
SC : L’un des plus grands défis pour nous a été d’intégrer l’industrie de l’alcool, qui comporte beaucoup de barrières. Après, les défis ont été les mêmes que pour tous les entrepreneurs, soit le financement, etc. Et on en a eu un autre par rapport à l’aspect culturel.
MJB : Effectivement, on a dû pousser plus fort pour arriver à nos fins. En 2021, les entreprises dirigées par au moins une femme ont reçu moins de 20% de la totalité des fonds de capital-risque investis aux États-Unis. Lorsqu’on regarde le pourcentage investi dans des entreprises dirigées par des entrepreneurs issus de minorités ethniques, le ratio baisse drastiquement à 2,4%. C’est inconcevable à mes yeux. Nous croyons que les choses doivent changer car cela à une grande incidence sur les défis qui peuvent être rencontrés.
SC : On le voit comme un aspect éducationnel aussi. Même si nous sommes nés et avons grandi au Québec, nous avons vécu, en tout cas moi, un certain niveau de racisme, de préjugés. Actuellement, on veut travailler pour changer cette perspective à travers LS Cream.
SC : C’est vraiment important, mais j’aimerais que l’accent soit davantage mis sur l’histoire de Noir.e.s qui ont accompli de belles choses dans le monde et pas seulement sur l’esclavage, sur le racisme et l’oppression notamment. Et il y en a tellement! Par exemple, pour le Mois de l’histoire des Noir.e.s l’an dernier, nous avons mis en valeur sur nos réseaux sociaux des personnes haïtiennes qui ont eu des répercussions importantes sur l’histoire en général pour justement démontrer ce fait. Par exemple, saviez-vous que c’est un Haïtien nommé Jean-Baptiste Pointe-du-Sable qui a fondé la ville de Chicago? Nous planifions répéter l’expérience cette année encore et mettre de l’avant ce genre de réalisations dans l’Histoire qui sont moins connues.
MJB : Oui prenons le temps de parler de l’Histoire, mais mettons en lumière l’innovation et l’apport positif que notre communauté a eu sur le monde entier. Nous mettons ceci en pratique le plus possible.
SC : On constate qu’on la fait déjà un peu quand on reçoit des messages de gens qui nous disent : « Vous m’inspirez tellement, avant vous, je ne pensais pas que c’était possible! » On produit LS Cream pour ouvrir la porte sur la culture haïtienne.
MJB : On entend beaucoup parler d’inclusion et de diversité depuis les 2 dernières années. Plusieurs entreprises se sont commises à changer les choses. Nous voulons être un exemple de réussite pour tous ceux qui comme nous, sont issus des communautés ethniques et ouvrir les portes du monde de l’alcool à d’autres qui voudraient s’aventurer dans ce domaine. Nous avons surmonté plusieurs barrières et voulons faciliter l’accès aux autres.
SC : De mon côté, ce sont les rencontres que j’ai faites à HEC Montréal. C’est un peu comme un trophée pour moi; quand tu passes à travers HEC Montréal, tu sens que tu es capable d’accomplir beaucoup de choses dans ta vie.
MJB : Je dirais la rigueur que ça m’a apportée. J’ai toujours été quelqu’un de très rigoureux, mais de passer à travers HEC Montréal et de tout ce cheminement, d’avoir aussi pu faire un échange [en France], ça m’a apporté pas mal de choses, puis d’ouvertures.
MJB : Je souhaite que mes enfants grandissent dans une société québécoise où la différence est une richesse et qu’ils y contribuent à juste titre.
SC : Ce que je souhaite à notre société québécoise, c’est vraiment l’acceptation de ce que les autres ont à offrir puisque ça la rendra encore meilleure que ce qu’elle est déjà.