5 juin 2024
Originaire de Trois-Rivières, Patricia Gauthier (HEC Montréal 2008) a vécu à Singapour, en France, en Angleterre, à Montréal, à Toronto et est maintenant établie à Boston. La directrice générale, maladies rares mondiales à Moderna est passée d’avocate à leader dans le milieu pharmaceutique, ayant cette soif d’incidence dans la société.
On pourrait même dire qu’elle a déjà atteint son objectif puisqu’en novembre 2020, après 12 ans à occuper des postes névralgiques pour GSK, elle a fait le saut comme directrice générale et 1re employée de Moderna Canada, pilotant l’ensemble des activités menant à l’établissement d’une usine de fabrication de vaccins contre la COVID-19 ainsi qu’à la livraison de 50 millions de doses. Mais ce serait mal connaître cette gestionnaire allergique au statu quo, nommée parmi les 50 actrices et acteurs de changement du Globe and Mail, en 2022.
Notamment impliquée à titre de mentore auprès de la relève, cette leader passionnée nous dévoile quelques pans de son parcours cosmopolite.
Quand j’étais jeune, je voulais devenir avocate à l’international. À 16 ans, je suis allée apprendre l’anglais aux États-Unis. En plus de me donner la piqûre du voyage, ça m’a confirmé que j’avais la curiosité et la capacité de sortir de ma zone de confort.
J’avais choisi le droit pour la complexité intellectuelle et pour sauver le monde, en quelque sorte. Certaines journées, ça allait dans ce sens et d’autres, je me questionnais. En évoluant en droit des affaires avec des PDG à Londres, je me suis dit : wow, c’est exactement ce que je veux faire, diriger des équipes pour réaliser des choses qui ont vraiment une incidence! Je suis donc venue faire mon MBA à HEC Montréal pour orchestrer ce changement de carrière.
Actuellement, il y a un gros foyer de maladies génétiques en Arabie saoudite. Ce soir, je m’envole donc vers Riyad pour rencontrer des scientifiques, des leaders d’opinion, le ministre de la Santé. Le défi, c’est d’essayer de comprendre leur marché, leurs régulations, leur culture, leur réseau médical, leurs façons de faire pour ainsi voir où et comment nous pouvons apporter de la valeur et collaborer afin d’aider les patientes et patients.
Notre voyage de 3 semaines en Chine, avec le professeur Ari Van Assche, juste avant les Jeux olympiques de Beijing. En plus des visites d’entreprises, cela nous a permis de créer des liens entre collègues et de travailler différemment ensemble.
Démarrer Moderna au Canada pendant la pandémie. Ç’a été les 2 années les plus difficiles, mais en même temps avec les plus grosses récompenses. La mission était tellement grande! Lorsque les 1res doses du vaccin sont arrivées, le 24 décembre, je m’en souviendrai toute ma vie. Aussi, je suis heureuse de voir l’usine de fabrication de vaccins maintenant sur pied. D’une idée présentée à notre président en décembre 2020, c’est à présent une réalité et un projet mobilisateur pour le Québec.
Dans ma carrière, 3 piliers m’ont guidée : apprendre, relever des défis et avoir de l’incidence. En travaillant à l’international, tu es toujours en mode apprentissage. Tu es mise dans des situations inconfortables et tu peux même faire face à des contextes où tu ne connais rien. Il y a beaucoup de pression, mais tu continues d’apprendre, de te découvrir comme personne et tu te renforces.
Je vais tricher et en donner 3 : Boston, où mon conjoint et moi avions toujours évoqué que ce serait notre place de choix si un jour on résidait aux États-Unis; Londres, une ville fantastique, culturellement diversifiée et où il y a beaucoup de possibilités; et Paris, qui pour moi reste sans conteste la plus belle!
J’ai eu la chance d’en avoir plusieurs, dont 2 qui ont été vraiment catalytiques pour ma carrière : Me Julie Chenette, lors de mes années à McCarthy Tétreault, et Paul Lirette, président de GSK Canada au moment où j’y travaillais. Ces 2 personnes m’ont amenée à me dépasser et à bâtir ma confiance pour prendre des risques dans mon parcours professionnel.
De ne pas avoir peur justement de prendre des risques et de sortir de sa zone de confort. Parfois, faire le saut apporte de belles surprises! Et si jamais ça ne fonctionne pas, on revient dans notre existence ici, et on aura au moins essayé. Il n’y a rien d’irrémédiable dans la vie.
Avant de critiquer les grandes entreprises pharmaceutiques sur les politiques de commercialisation, il faut prendre en compte tout ce qui est nécessaire pour développer des médicaments. Ce sont des années de travail et des centaines de millions, parfois des milliards en investissement. On mise sur des dizaines de produits et seulement quelques-uns seront approuvés par les autorités réglementaires
J’ai toujours 3 livres en parallèle. Je lis beaucoup sur les maladies rares en ce moment pour accélérer ma courbe d’apprentissage. Aussi, je lis entre autres Outlive: The Science & Art of Longevity du Dr Peter Attia, qui traite, comme le titre l’indique, de comment rester en santé plus longtemps.
En ce moment, on a une crise de leadership mondiale. J’aimerais qu’il y ait plus de gens stratégiques et généreux qui évoluent en politique pour le service à la société; qu’elles et ils soient prêts à faire les changements nécessaires avec courage et avec une vision à plus long terme.