Il a préféré les poches au football. Il ne se prend pas au sérieux, mais dirige une compagnie de vêtements qui a connu un succès en ligne fulgurant, dès ses débuts en 2014, et dont les produits se retrouvent désormais dans 200 points de vente à travers le Québec. Découvrez les réalisations marquantes d’Anthony Vendrame (HEC Montréal 2014), président-directeur général et cofondateur de Poches & Fils, dont l’ouverture d’une 1re boutique en plein début de pandémie restera dans les annales avec une inauguration et une fermeture en moins de 18 heures…
Vous avez misé au départ exclusivement sur la vente en ligne de vos produits et connu un succès immédiat. Avez-vous une recette secrète?
Je pense que notre succès repose principalement sur une identité et une présence en ligne fortes, notamment dans les réseaux sociaux, toujours en misant sur le sens de l’humour et l’authenticité de notre marque. Par exemple, sur une note complètement ludique, nous offrions dernièrement la livraison gratuite à tous les gauchers dans le cadre de la Journée internationale des gauchers. On exploite aussi des sujets sérieux sur un ton humoristique, comme une vidéo récente sur les défis d’une PME durant la crise. Par ailleurs, on adapte notre produit à des thèmes, des causes, des circonstances et des états d’esprit. Finalement, il est clair que nos contenus en ligne, pertinents parce que d’actualité et déjantés, à notre image, constituent le principal moteur de notre notoriété. Bien sûr, notre passage à l’émission Dans l’œil du dragon en 2016 nous a aussi beaucoup aidés!
Lorsque le début du confinement a été annoncé, vous ouvriez votre boutique dans votre atelier à Montréal. Comment avez-vous fait face à cette fermeture obligée et à cette pandémie?
Étant donné qu’il s’agissait de notre local de production, nous n’avions pas trop engendré de coûts pour la boutique. Mais pour le reste, ç’a été un gros coup au début. Car même si on a toujours beaucoup misé sur la vente en ligne, on a perdu pour environ 1 million de commandes de nos 200 points de vente et dû mettre à pied des employés. On a ensuite eu droit aux subventions du gouvernement et ajouté des masques à notre offre en ligne, ce qui nous a permis d’attirer un nouveau public. La promotion de l’achat local, le fait de dépenser moins pour les vacances, etc., tout cela nous a aidés. Finalement, on risque d’avoir une des meilleures années de Poches & Fils, et on a pu réengager du personnel! On se trouve vraiment chanceux, mais on ne veut pas s’asseoir là-dessus et on doit se préparer pour la suite.
Les Carabins célèbrent cette année leur 25e anniversaire. Vous avez fait partie de cette équipe de football pendant vos études à l’École, quels ont été vos plus grands défis?
Mon 1er défi était la discipline. J’ai été chanceux, mes parents m’ont soutenu et j’ai reçu des bourses de HEC Montréal, ce qui m’a permis de me concentrer sur le sport et mes études. Mais mon plus gros défi a été de choisir de me lancer en affaires. On venait de gagner la coupe Vanier, il me restait une année d’admissibilité au football, je commençais ma maîtrise en stratégie et j’avais décidé de fonder mon entreprise. C’était beaucoup en même temps. J’ai eu la chance d’avoir un entraîneur vraiment inspirant, qui m’a dit que c’était 2 win : « D’un côté, tu joues une 5e année et tu finis ta maîtrise, de l’autre, tu lances une entreprise. » Ç’a été quand même difficile, car tu t’identifies comme un étudiant-athlète et, tout d’un coup, il faut que tu te redéfinisses. Ça t’apprend que tu n’es pas ce que tu fais, mais plutôt ce que tu es.
En quoi le sport s’apparente-t-il à l’entrepreneuriat selon vous?
Il y a beaucoup de parallèles. J’ai toujours été quelqu’un de rassembleur dans le vestiaire, qui faisait rire tout le monde, et avec mes blessures, j’ai développé la résilience. J’ai transposé cela en entrepreneuriat. Il y a aussi l’esprit d’équipe : au football, les joueurs de ligne ne toucheront pas le ballon de la saison, mais s’ils ne bloquent pas en avant, le quart-arrière ne pourra pas faire la passe et le receveur ne pourra attraper le ballon. En entreprise, le travail du directeur financier ou du commis à l’entrepôt est tout aussi essentiel, même si ce n’est pas ce qu’on voit en 1er. En sport comme en affaires, peu importe ton rôle, c’est plus gros que toi.
HEC Montréal a-t-elle encouragé votre fibre entrepreneuriale?
Oui, c’est sûr. Si je pense à HEC Montréal, le mot qui me vient en tête, c’est « opportunité », pour plusieurs raisons. Lors de mes études en finances au B.A.A., je me suis fait des amis qui sont encore des contacts d’affaires. Une des personnes qui a investi dans notre compagnie est le père d’un ami que je m’y suis fait. Les professeurs en entrepreneuriat m’ont soutenu, m’ont fait rencontrer des gens, m’ont permis de venir partager mon histoire avec des étudiants; nous avons même bénéficié de l’aide d’un professeur en gestion des opérations qui nous a aidés à revoir notre processus de production. Aussi, en participant notamment aux Jeux du commerce et au Club de consultation en management, je trouvais que, peu importe ce que tu voulais faire ou développer, HEC Montréal t’offrait une possibilité!
Quel est votre rêve le plus fou?
Poches & Fils, ce sont les t-shirts à la base, mais c’est également l’univers ludique, la créativité derrière. Nous sommes notre propre agence marketing et aimerions offrir ce service à d’autres. Notre objectif serait de mettre de l’avant comment notre culture d’entreprise permet un environnement vraiment créatif et d’en faire bénéficier d’autres compagnies. J’aimerais qu’on soit au ludique ce que Red Bull est aux sports extrêmes!