Première enquête sur la gestion de l’énergie en entreprise au Québec
28 octobre 2015
Comment les dirigeants québécois perçoivent-ils la gestion énergétique? Quelle importance y accordent-ils? Sont-ils préoccupés par les enjeux environnementaux? Voilà le type de questions auxquelles répond une enquête dévoilée par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, intitulée Gestion stratégique de l’énergie en entreprise au Québec.
« Bien que 67 % de l’énergie consommée au Québec soit consacrée à des usages industriels, commerciaux et institutionnels, aucune étude n’avait encore fait le point sur la gestion de cette énergie, déclare Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire. Or, il nous apparaissait essentiel de tracer un portrait de la situation dans un contexte où le gouvernement du Québec s’apprête à sortir une nouvelle politique énergétique pour la période 2016-2025 et où les entreprises sont de plus en plus appelées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). »
Cette enquête a été réalisée par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, en collaboration avec le Pôle e3 de HEC Montréal, l’Institut du Québec, le Conseil du patronat du Québec et la Fédération des chambres de commerce du Québec. Menée auprès de moyennes et grandes entreprises et organisations québécoises, cette étude vise à mieux connaître la perception des dirigeants face à la gestion de l’énergie et des politiques énergétiques du Québec, et l’importance qu’ils y accordent dans leur processus décisionnel et leur planification stratégique. Les constats visent à dégager des pistes de réflexion qui aideront à surmonter les obstacles qui empêchent les entreprises de tirer pleinement profit d’une meilleure gestion de l’énergie.
Quelques faits saillants :
- Les programmes d’efficacité énergétique et de réduction de GES sont prioritaires pour le gouvernement québécois, mais le paradoxe de l’abondance et des bas prix de l’énergie pose des défis en matière de gestion stratégique de l’énergie.
- Les politiques sur les changements climatiques sont davantage perçues comme une occasion qu’une menace, même si elles sont souvent mal comprises par les entreprises.
- Le marché du carbone et le Fonds vert restent mal connus de la majorité des entreprises et des organisations québécoises.
- La réduction des coûts, une meilleure réputation et des gains de compétitivité à long terme sont les principaux avantages d’une stratégie énergétique, alors que les risques perçus sont liés à la hausse et à la volatilité des prix de l’énergie, ainsi qu’aux contraintes environnementales et sociales.
« Cette enquête nous apprend notamment qu’au Québec la gestion de l’énergie se situe encore trop à un niveau opérationnel, alors que cet enjeu est appelé à devenir plus stratégique dans la nouvelle réalité des marchés, soutient le professeur Pineau. Les contraintes environnementales, sociales et géopolitiques ajouteront un poids économique qui ne semble pas encore bien anticipé par les gestionnaires. »
Si les organisations peuvent consacrer des efforts pour mieux gérer leur consommation, elles doivent toutefois disposer d’un soutien financier et de moyens nécessaires pour développer une expertise et réaliser leurs objectifs de façon optimale.
« Une plus grande cohérence et prévisibilité dans les politiques énergétiques gouvernementales s’imposent, tout comme dans les politiques connexes — environnementales, de développement économique, de transport, du bâtiment/logement et d’aménagement —, recommande Pierre-Olivier Pineau. Selon les résultats, il semble important que les orientations gouvernementales s’arriment davantage aux besoins des entreprises, particulièrement sur le plan de la formation et de l’élaboration des programmes d’efficacité énergétique, afin que ces dernières puissent se doter de l’expertise nécessaire pour gérer plus stratégiquement l’énergie. Une condition essentielle pour que le Québec devienne un leader de l’efficacité énergétique et de la réduction des émissions de GES d’ici 2050. »
Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Norma Kozhaya, vice-présidente – recherche et économiste en chef du Conseil du patronat, Raymond Bachand, président de l’Institut du Québec, Johanne Whitmore, coauteure du rapport et Pierre-Olivier Pineau, professeur et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal ainsi que coauteur du rapport.