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Michel Patry prononce une allocution à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

12 avril 2016

 

HEC Montréal : au service de l’entrepreneuriat et du développement économique du Québec

 

« C’est évidemment avec grand plaisir que j’ai accepté l’invitation de Michel Leblanc de m’adresser à vous aujourd’hui et je l’en remercie chaleureusement.


Vous me permettrez, d’entrée de jeu, de féliciter M. Hubert Bolduc, diplômé MBA de l’École, pour sa récente nomination à titre de pdg de Montréal International.


Chers amis, j’ai un souhait aujourd’hui : c’est qu’au terme de ce déjeuner-causerie, nous partagions tous une même certitude.


Cette certitude, que j’ai fait mienne depuis plusieurs années, est la suivante : c’est seulement en innovant que notre société pourra relever avec succès les grands défis auxquels elle est confrontée.


Qu’il s’agisse d’améliorer l’efficacité de notre système de santé, de conjuguer le développement économique à la préservation de l’environnement; ou d’assurer la compétitivité de nos organisations face à une nouvelle forme de mondialisation, je suis convaincu que vous partagez mon sentiment qu’il ne suffit plus d’injecter des ressources additionnelles: il faut faire autrement.


Il nous faut inventer de nouvelles façons de collaborer, de nouveaux métiers et façons de faire; bref, les maîtres mots sont innovation, entrepreneuriat et gestion du changement.


Voilà le programme auquel les gestionnaires, actuels et futurs, sont confrontés.


Et c’est beaucoup aux écoles de gestion –comme HEC Montréal– que revient la responsabilité de préparer les leaders et les gestionnaires à cette tâche et de les aider à peaufiner leurs habiletés.


My friends, HEC Montréal is determined to meet this challenge, just as it has been doing for over a century! A university, given its mission, naturally finds itself at the forefront of major social transformations. Even better, it plays an active part in these changes.


Over time, HEC Montréal has constantly adapted its teaching and developed research initiatives that were in phase with the evolving demands of our society. Thus, the School has remained close to the needs and expectations of its students, first of all; but also to those of business leaders.


A recent development in this spirit is the launch of our new École des dirigeants, our executive education arm, which trains over 8 000 leaders and managers every year.


Another example of the leadership role we aim to play is the offering of complete and free online courses –the so-called MOOCs– with our friends and partners of the Université de Montréal and Polytechnique Montréal.


Et c’est d’ailleurs avec fierté que je vous dis qu’EduLib fut la première plateforme à offrir des cours de management en français au monde!


In short, the School has always made it a point of honour to focus on innovation in every form and in everything it does from integrating laptop computers into our programs back in the 90’s, to introducing multilingual programs and encouraging students to gain a first-hand international experience.


Mais je sais que je prêche à des convertis puisque vous êtes les premiers à constater que le monde de l’entreprise et des marchés évolue à une vitesse sans précédent.


Vous savez que pour demeurer compétitifs et développer vos organisations, vous devez sans cesse innover et ajuster votre modèle d’affaires.


Bien que la nécessité d’innover touche tous les domaines de la gestion, je voudrais concentrer mon propos aujourd’hui sur quatre domaines d’intervention dans lesquels HEC Montréal s’est investie avec détermination afin d’appuyer l’innovation.


Ce sont :


Commençons par l’entrepreneuriat et la gestion de l’innovation. On n’a plus besoin, je crois, de souligner combien critique est devenue la nécessité d’investir dans l’entrepreneuriat au Québec.


Or, cet entrepreneuriat prend plusieurs formes et appellations aujourd’hui, allant de la création d’entreprises au repreneuriat –qui est un enjeu majeur au Québec–, jusqu’à l’entrepreneuriat social.


L’École s’est résolument engagée dans chacune de ces formes, avec l’appui enthousiaste de nombreux partenaires. Nos initiatives visent à développer l’entrepreneuriat par des activités pédagogiques et de formation, par la création et la diffusion de recherches de pointe, ainsi que par l’accompagnement, le réseautage et l’accélération de projets entrepreneuriaux.


La Banque Nationale est du nombre de ces grands partenaires et alliés dans notre volonté de stimuler l’entrepreneuriat. Grâce à un don majeur fait dans le cadre de la Campagne Campus Montréal, la Banque a en effet permis la création de l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale | HEC Montréal, qui est la pièce centrale de notre écosystème entrepreneurial.


Nous avons également développé un cheminement spécial offert à tous les étudiants du campus grâce à un généreux don de monsieur Rémi Marcoux, ce leader du monde des affaires et fier diplômé de HEC Montréal qui nous fait d’ailleurs l’honneur de sa présence aujourd’hui.


Et l’automne dernier, l’École annonçait la création d’entrePrism, un programme destiné aux jeunes entrepreneurs issus des communautés culturelles du Québec grâce cette fois à un don de la Fondation Mirella et Lino Saputo. D’ailleurs, entrePrism bénéficiera également d’un soutien du gouvernement du Québec.


Enfin, rappelons la création toute récente du Centre des familles en affaires Deschênes |Molson |Lesage, grâce au soutien de MM. Jacques Dechênes, Andrew Molson et Claude Lesage.


Faut-il rappeler qu’en Amérique du Nord, comme ailleurs dans le monde, les entreprises familiales dominent le paysage. Elles représentent en effet plus de 80 % des entreprises canadiennes et génèrent plus de 60 % du PIB du pays. C’est dire leur importance !


Mais l’innovation a aussi ses exigences au plan de la gestion. C’est pourquoi HEC Montréal a créé MOSAIC, un accélérateur d’innovation et de créativité. La mission de MOSAIC est d’améliorer le processus d’innovation des organisations en s’appuyant sur des méthodes d’accompagnement structurées et éprouvées.


C’est ainsi que MOSAIC aide des PME et des grandes entreprises au Québec, comme dans une demi-douzaine d’autres pays, à relever le défi de l’innovation et de la créativité.


Comme vous pouvez le constater, si l’entrepreneuriat a toujours occupé une place centrale à HEC Montréal depuis sa création, nous avons voulu au cours des dernières années accélérer le pas et donner plus de visibilité et de cohérence à nos interventions, ce que nous avons réussi à faire en nous appuyant sur un riche réseau de partenariats avec des entreprises.


Le deuxième domaine que je souhaite aborder est celui de la finance et de la gestion des risques dans le contexte d’une économie globalisée.


The finance and risk management sector, as we all know, is a strategic one for Montréal and Quebec as a whole. And it represents over 100,000 jobs. And thanks to the efforts of Finance Montréal, our city is ranked 18th in the world on the Global Financial Centre Index. We also know that Montreal is well positioned to defend certain niche markets in the industry.


In this context, the School set out to devote resources to strengthening capabilities in three fields: derivatives and risk management; portfolio and pension fund management; and co-operative finance.


Thanks to the expertise of the Montreal Exchange as part of the TMX Group, Montreal holds an enviable position when it comes to derivatives. But to preserve and develop this expertise and to continue innovating in this field, it is essential that Quebec produce financial experts with the most advanced knowledge. And it is just as essential that our universities develop their research into the creation, valuation and regulation of these derivatives.


This is what led the School to create the Montreal Institute of Structured Finance and Derivatives.


The Institute, with financial support from the Autorité des marchés financiers, the Ministère des Finances du Québec and private partners, brings together experts from several universities and draws on the rich expertise of its partners to develop training programs and advance research into these complex financial products.


Since its creation four years ago, the Institute has trained nearly 1 000 professionals from about forty companies, in addition to supporting some sixty researchers in the field of finance. And this is only a beginning!


C’est dans le même esprit que je vous annonce que l’École créera dans les prochains mois un Institut sur l’épargne et les retraites. Cet institut aura pour mission de coordonner nos actions en enseignement, en recherche et en transfert de connaissances dans le domaine de la gestion de portefeuille et des caisses de retraite.


L’Institut verra à identifier les meilleures pratiques dans ce domaine et à éclairer les politiques publiques afin d’inciter gouvernements et individus à adopter des comportements socialement optimaux en matière d’épargne et d’investissement.


Un autre partenaire, qui n’a plus besoin de présentation au Québec, a permis la création de l’Institut international des coopératives Alphonse-et-Dorimène-Desjardins, qui s’intéresse spécifiquement au domaine des coopératives de services financiers. Le Mouvement Desjardins a en effet voulu donner à HEC Montréal les moyens de devenir un carrefour mondial de la recherche en gestion des coopératives financières et nous en sommes très reconnaissants.


Pour conclure sur ce thème, je crois fermement que Montréal peut et doit demeurer un carrefour dynamique et une référence canadienne et internationale en finance.


Mais il faudra à cette fin poursuivre la création de partenariats entre universités, ainsi qu’entre le secteur universitaire et le secteur financier.


Le troisième domaine dont je souhaite vous parler aujourd’hui est celui de la révolution numérique.


La plupart des experts s’entendent pour dire que notre société est sur le point de connaître une transformation qui modifiera radicalement comment nous vivons, travaillons et coopérons.


Si les contours précis de cette transformation sont encore vagues, plusieurs de ses facettes sont déjà manifestes.


Pensons notamment au développement de l’intelligence artificielle et des robots, à l’internet des objets, au secteur manufacturier innovant, aux imprimantes 3D et au traitement des données massives.


Chacun de ces développements est un puissant agent de transformation des organisations, des marchés et des gouvernements.


J’ai la conviction que, dans ce contexte, nos entreprises se retrouvent à une croisée des chemins : ou bien elles parviendront à prendre l’initiative et elles réussiront à innover en intégrant ces nouvelles technologies; ou bien elles seront rapidement menacées et risqueront même de disparaître.


Comme école de gestion, notre responsabilité consiste bien sûr à donner aux gestionnaires les outils pour penser ces transformations, pour comprendre comment elles influenceront les modèles d’affaires et le fonctionnement des marchés.


Mais, plus encore, il nous importe de participer à ces changements en aidant les entreprises à devenir plus agiles et à se transformer.


Enfin, il nous incombe de faire évoluer notre propre organisation et nos méthodes pédagogiques pour tirer parti du potentiel de cette révolution numérique. Bref, ici encore, il nous faut innover.


Or, Montréal n’est pas sans ressources au chapitre de la révolution numérique. Son secteur des technologies de l’information est fort et ses capacités dans le domaine du «Big Data» sont impressionnantes.


C’est d’ailleurs ce qu’un récent rapport produit par Montréal International mettait en évidence.


L’exploitation des données massives fait partie des pratiques innovantes qui favorise la compétitivité des entreprises et elle a des applications dans tous les domaines de la gestion : finance, marketing, logistique, gestion des opérations, gestion des ressources humaines, etc.


Sachez que l’École participe depuis plusieurs années au développement de nouveaux outils de gestion pour faciliter l’exploitation de ces données massives.


C’est pourquoi les termes intelligence d’affaires, ingénierie financière, et analytique d’affaires font partie de notre vocabulaire quotidien.


D’ailleurs, dans un effort conjoint avec nos partenaires de l’Université de Montréal et de Polytechnique Montréal, l’École a mis sur pied l’Institut de valorisation des données, ou IVADO, qui regroupe plus de 150 chercheurs et plus de 500 étudiants aux cycles supérieurs de nos trois institutions.


IVADO est aujourd’hui un des plus importants centres d’expertise en Big Data et en recherche opérationnelle au monde, avec le MIT à Boston et le Georgia Institute of Technology à Atlanta.


Et nous nous réjouissons que de nombreuses entreprises, comme Hydro-Québec, CAE, Cogeco, Gaz Metro, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Air Canada n’aient pas hésité à emboîter le pas et à s’investir dans IVADO.


Another very recent development in this field is the expansion of HEC Montréal’s Tech3Lab, now the largest university lab specializing in the study of the user experience in North America. Its research helps to better understand and optimize the technological interfaces used by citizens, consumers and employees of different industries.


Its findings often have very immediate and concrete applications. For example, readers of La Presse+ benefit from the Tech3Lab expertise every day, since the lab’s researchers helped to optimize the media platform when it was under development.


Companies like SAP, Desjardins and Sobeys are now research partners of Tech3lab, showing that they consider the user experience to be of great strategic importance.


Quant à notre propre organisation, nous avons déjà introduit de nombreuses innovations au cours des dernières années, comme celle du développement d’EduLib, de cours hybrides, du Serious Gaming, ou de l’approche de pédagogie inversée qui donne lieu à de riches discussions en classe entre professeurs et étudiants.


Nous nous sommes également engagés dans une vigoureuse discussion sur la réinvention de nos approches pédagogiques pour exploiter la mobilité, l’accès aux ressources numériques et la co-création de connaissances avec les apprenants.


Comme quoi, même le monde universitaire change !


Enfin, le quatrième domaine auquel je veux faire référence pour illustrer comment l’École sert la société et l’aide à innover est celui des politiques publiques.


Au cours des dernières années, HEC Montréal a appuyé de nombreuses initiatives qui contribuent au renouvellement de notre gouvernance.


J’en retiendrai trois.


L’Institut du Québec, qui est né d’un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal il y a deux ans, propose des analyses qui alimentent et instruisent les débats de politiques publiques. Parmi les études récentes de l’Institut, certaines couvrent l’industrie agroalimentaire au Québec, le commerce électronique et l’industrie des fonds de placement.


Pour éclairer les enjeux énergétiques et environnementaux, nous avons créé la Chaire de gestion du secteur de l’énergie. La Chaire, par son approche basée sur les faits et sa recherche rigoureuse, enrichit la discussion sur les grands enjeux énergétiques, qu’il s’agisse du transport des produits pétroliers ou des implications de la COP21 pour le Québec et le Canada.


Autre initiative majeure d’experts de l’École, soutenue par le Gouvernement du Québec: la création en 2009 du Centre sur la productivité et la prospérité du Québec.


Très prolifique -on se rappelle entre autres de son Palmarès annuel des municipalités du Québec et de son Bilan annuel sur la productivité du Québec - le Centre fournit des analyses et des données rigoureuses aux instances publiques.


Le Centre a d’ailleurs lancé un cri d’alarme cet hiver. Son Bilan 2015 démontre que le secteur de l’éducation québécois affiche une position précaire, peu enviable et franchement inquiétante.


L’étude du Centre révèle que le taux de fréquentation universitaire au Québec, pour les 18-34 ans, était de 13 % en 2012, ce qui est dans la moyenne canadienne, mais très inférieur aux 17 % de l’Australie, du Danemark ou de la Norvège; ou aux 19-20 % des États-Unis et des Pays-Bas. Et plusieurs de ces pays se sont donné des objectifs plus ambitieux encore !


Autre point de comparaison, à l’heure où le développement économique passera nécessairement par les grandes agglomérations urbaines : notons qu’un peu plus d’un quart de la population montréalaise possède un diplôme universitaire, alors que cette proportion atteint 34 % à Vancouver et 37 % à Toronto. Dans des villes comme Boston, San Francisco et Washington, cette proportion frôle 50 % !


Malgré cela, Montréal demeure la capitale universitaire du Canada. Avec ses 155 000 étudiants, dont 15 % proviennent de l’étranger, la région de Montréal compte pour 65 % de la communauté universitaire québécoise.


Imaginez un instant que les entreprises d’ici prennent pleinement la mesure du potentiel que représentent les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, les données massives, la robotisation et ainsi de suite. Elles auront besoin, et plus que jamais auparavant, des connaissances et du capital humain que nos universités ont la responsabilité de développer.


Puis, a contrario, pensez seulement un instant à l’avenir économique qui sera le nôtre si nos entreprises et nos gouvernements ratent ce virage et ne parviennent pas ou ne parviennent que trop tardivement à exploiter tout le potentiel de ces nouvelles technologies.


À HEC Montréal, je peux vous affirmer que nous avons à coeur de contribuer à réduire cet écart de diplomation qui nuit au dynamisme de notre économie. Et nous sommes convaincus que la compétitivité de nos entreprises et la prospérité de notre communauté dépendent étroitement de notre capacité d’innover.


Les sociétés qui auront le plus de succès –aux plans économique, social et culturel–au cours des prochaines décennies sont celles qui sauront se réinventer et tirer parti du potentiel incroyable de ce nouvel environnement.


Je crois fermement que ces sociétés sont celles qui feront de l’éducation et de l’innovation un véritable mantra. C’est pourquoi j’estime qu’il est urgent au Québec que nous changions le discours à propos des universités et de l’enseignement supérieur.


Si le système universitaire québécois n’est pas exempt de carences, il faut bien convenir qu’il a remarquablement servi le Québec depuis la Révolution Tranquille en lui permettant d’entrer de plein pied dans la modernité.
Et il demeure aujourd’hui, plus que jamais auparavant, un acteur essentiel et central pour assurer son développement.


Mesdames, messieurs, je me permets donc d’insister : nous avons un urgent besoin de renouveler l’intérêt envers les universités et le discours qu’on entretient à leur égard.


Et nous devons mettre au coeur de cette conversation les grands objectifs que nous voulons leur assigner, ainsi que les moyens sur lesquels elles pourront compter afin de renforcer la capacité de nos entreprises et de nos gouvernements à maîtriser les savoirs et à innover.


En terminant, j’espère que les thèmes que sont l’entrepreneuriat et l’innovation, la finance, la révolution numérique et les politiques publiques vous ont permis d’apprécier à quel point le développement de nos entreprises, de nos universités et de notre société sont indissociables.


Ce qui m’amène à vous poser une question toute simple : «Comment pouvons-nous VOUS aider aujourd’hui?»


Si vous ne faites pas déjà appel à l’esprit d’innovation et à l’expertise des professeurs, des chercheurs et des étudiants de HEC Montréal, je vous invite à le faire sans tarder.


Réfléchissons ensemble aux avenues de collaboration qui pourraient être créées afin d’aider votre organisation à entreprendre et à innover.


Car, à HEC Montréal, être au service de l’entrepreneuriat et du développement économique du Québec : c’est ce que nous faisons de mieux !
 

Merci de votre attention. »
 

Michel-Patry-CCMM

Photo : Pierre Roussel – Agence Québec Presse