Portrait global de l’efficacité énergétique en entreprise au Québec
Les efforts actuels ne permettront pas d’atteindre les cibles gouvernementales de 2030.
7 septembre 2016
Les cibles fixées par le gouvernement ne seront pas atteintes si les tendances actuelles se poursuivent. C’est ce que démontre l’analyse des programmes d’efficacité énergétique, de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre (GES) par sous-secteurs d’activité en entreprise, selon l’étude Portrait global de l’efficacité énergétique en entreprise au Québec réalisée par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, en collaboration avec le Pôle e3 de HEC Montréal.
Le gouvernement a fixé les objectifs en matière d’efficacité énergétique à atteindre pour 2030. Ce sont toutefois en grande partie les entreprises qui devront les réaliser. En effet, 66 % de l’énergie consommée au Québec est consacrée à des usages industriels, commerciaux et institutionnels.
Les programmes d’aide financière en efficacité et innovation énergétiques comptent parmi les principaux moyens mis à la disposition des entreprises pour les inciter à gérer leur consommation d’énergie. Cependant, l’étude identifie un manque de coordination interministérielle qui limite la cohérence des interventions.
« Nous avons constaté que l’absence de système intégré d’information sur les programmes touchant la demande énergétique des entreprises québécoises est un facteur limitant pour la prise de décision et la mise en œuvre de la Politique énergétique 2030 », déclare le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire.
Par ailleurs, certains sous-secteurs qualifiés d’énergivores et de grands émetteurs de GES n’ont pas toujours été servis de façon optimale par les subventions, selon l’étude. L’exemple le plus marquant est celui du transport commercial : il n’a reçu qu’une très faible part des subventions, alors que c’est celui qui pose les plus grands défis. La consommation d’énergie du transport commercial (marchandises et voyageurs) a en effet augmenté de 63 % de 1990 à 2013.
« De nouvelles approches devront être adoptées pour réaliser des économies d’échelle en matière d’énergie d’ici 2030, souligne M. Pineau. Le gouvernement devra revoir la gouvernance de l’efficacité énergétique afin de s’assurer que les programmes de gestion d’énergie, de développement économique et de réduction de GES soient arrimés entre eux. »
Selon l’étude, la nouvelle approche en matière de gouvernance devrait cibler en priorité les sous-secteurs qui profiteraient le plus d’une gestion stratégique de l’énergie sur les plans économiques et environnementaux, dont le transport commercial, certaines industries à haute intensité énergétique et les bâtiments qui consomment le plus d’énergie. Pour réduire les coûts des projets d’efficacité énergétique pour les nombreuses petites et moyennes entreprises, des regroupements ou des approches communes devront être favorisés.