Le Québec devra faire plus pour réussir la transition énergétique
Publication de l’État de l’énergie au Québec 2019
14 décembre 2018
L’engouement des Québécois pour la transition énergétique est palpable, mais leurs habitudes énergivores les empêchent d’en tirer pleinement profit. La société québécoise devra aligner plus étroitement les mesures pour la transition énergétique, la lutte aux changements climatiques et la mobilité durable si elle souhaite réellement réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES).
C’est le constat qui émane de la 5e édition de l’État de l’énergie au Québec, un bilan annuel rédigé par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau, de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, en collaboration avec Transition énergétique Québec. Ce rapport rassemble les données les plus récentes sur le secteur de l’énergie dans un contexte de décarbonisation.
Le coauteur du document et professeur titulaire de la Chaire, Pierre-Olivier Pineau, constate qu’un paradoxe persiste en matière d’énergie et de lutte aux changements climatiques :
« D’un côté, le Québec fait l’envie de ses voisins, avec près de 50 % de l’énergie utilisée provenant de sources renouvelables, et des surplus d’électricité propre pouvant être exportés. De l’autre, les Québécois continuent d’investir des montants records dans l’achat d’un nombre toujours croissant de gros véhicules à essence et de maisons sans cesse plus grandes – des tendances qui compromettent l’atteinte des cibles que s’est fixées le gouvernement pour réduire de 40 % la consommation de produits pétroliers et de 37,5 % des émissions de GES d’ici 2030. »
La popularité croissante des véhicules électriques pourrait sembler rassurante, mais comme le souligne Pierre-Olivier Pineau, « si leur déploiement se réalise à grande échelle d’ici 2030, le défi de la gestion de la pointe de demande sera amplifié dans le réseau de distribution d’électricité. Face à la pénétration de nouvelles technologies, des changements de structure tarifaire devront impérativement être repensés pour assurer le bon fonctionnement du réseau d’électricité. »
Les auteurs du rapport croient que des initiatives comme la mise en place du marché du carbone ou le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétique du Québec 2018-2023 peuvent aider le Québec à réduire son utilisation de combustibles fossiles et de GES. Cependant, « pour réussir la transition, il faudra prioriser une économie qui minimise les pertes d’énergie et améliore sa productivité », précise monsieur Pineau.
L’État de l’énergie au Québec : les faits saillants
- Le Québec demeure un gros consommateur d’énergie par habitant, avec 193 gigajoules. C’est moins que les États-Unis et le Canada, mais beaucoup plus que l’Allemagne ou la Norvège.
- La consommation d’énergie du secteur industriel a diminué, mais l’intensité de ses émissions par unité d’énergie est plutôt stable. Globalement, il y a donc peu de décarbonisation des sources d’approvisionnement d’énergie dans ce secteur.
- L’engouement des Québécois pour les VUS continue de croître au détriment des voitures.
- Le covoiturage demeure faible (10 %) par rapport à l’utilisation d’un véhicule en solo (68 %).
- Le nombre de véhicules par 1 000 habitants croît de manière constante depuis 1990. C’est vrai dans toutes les régions du Québec et la proportion de camions légers est partout en augmentation.
- En 2016, 54 % de l’énergie qui s’écoulait dans le système énergétique québécois était perdue et n’apportait aucune valeur ajoutée à l’économie.
- En 2018, près de 94 % des approvisionnements en pétrole du Québec provenaient de l’Ouest canadien et des États-Unis, comparativement à 14 % en 2013.
- Environ 57 % de l’approvisionnement en gaz naturel d’Énergir s’effectuait cette année au carrefour gazier de Dawn (Ontario) et 40 %, à partir d’Empress (Alberta).