Rencontre avec Federico Pasin
Le nouveau directeur partage sa vision
4 septembre 2019
Federico Pasin a entamé le 1er juin 2019 son premier mandat comme directeur de HEC Montréal. Nous reproduisons ici des extraits d’un entretien réalisé avec lui à l’occasion de la rentrée. Il y expose quelques-uns des principes et valeurs qui le guideront dans l’exercice de ses fonctions.
Question : Vous avez déjà dit que vous favorisiez une approche holistique de la gestion. Parlez-nous de cette approche et de ce qu’elle signifie pour vous.
Federico Pasin : J’ai l’impression qu’on s’en va vers un monde où la gestion est dans tout. Elle est dans toutes les sphères professionnelles où il y a du travail d’équipe. Et pour moi, l’approche holistique veut dire qu’il faut que la gestion s’ouvre. C’est une nécessité si l’on veut rester pertinent et éviter que son enseignement se fasse ailleurs, dans d’autres facultés notamment.
Notre École doit donc s’ouvrir et se connecter à une multitude d’environnements. Nous devons nous assurer que les ingénieurs, les chimistes, les pharmaciens ou tout autre spécialiste viennent vers nous lorsqu’ils ressentent le besoin d’acquérir des compétences en gestion.
L’École doit être vue comme un établissement avec lequel il est facile d’être partenaire. Je suis d’ailleurs très fier de la mise en place du double diplôme (B.A.A. – B. ING.) avec Polytechnique Montréal, qui est le résultat direct de ce constat.
En même temps, il va falloir bien former nos étudiants à cette ouverture qui se joue dans les deux sens. La formation d’un gestionnaire doit aller bien au-delà des cours comme la finance, la comptabilité ou les mathématiques. Un bon gestionnaire est extrêmement bien équilibré. C’est quelqu’un qui est cultivé, qui parle plusieurs langues et qui a des notions de psychologie. Le gestionnaire doit être à l’aise de diriger ou de travailler avec des gens plus compétents que lui dans des domaines particuliers.
Q : Vous lancez cet automne un processus de planification stratégique. Quelles sont certaines des valeurs qui vous sont chères et sur lesquelles repose cet exercice?
F.P. : Cela a toujours été important pour moi de travailler dans un milieu où je me sens bien et où j’ai envie d’interagir avec les autres.
C’est donc essentiel pour moi d’établir un climat dans lequel les gens n’hésitent pas à proposer de nouvelles idées, à formuler des suggestions ou à débattre des questions importantes. Qu’il soit même permis de remettre en question parfois, de dire que quelque chose ne va pas ou doit être changé.
Je crois que pour être un bon gestionnaire, il faut être capable d’aborder des sujets très délicats et très difficiles en toute sérénité. Cela passe donc par l'aptitude à faire preuve d’humanité, ce qui permet de vite déceler que quelqu’un ne se sent pas bien dans le groupe et de faire en sorte que cette personne se sente incluse, à l’aise.
La transparence est également une valeur que je considère comme essentielle. Surtout dans un milieu d’enseignement et de recherche. Les gens ne veulent pas se faire imposer des idées et ils veulent participer au débat. Mais lorsqu’un dirigeant doit, par souci d’efficacité, prendre une décision, il a le devoir de s’assurer que les membres de l’équipe comprennent sur quelles bases cette décision est prise.
Je veux aussi souligner l’importance que j’accorde à la diversité. J’ai grandi entouré d’un père italien et d’une mère québécoise aux origines irlandaises. Cela a créé une ouverture chez moi. J’ai vite saisi que dans la vie, il n’y a pas nécessairement de meilleur chemin ou de meilleure façon de se comporter. Il y a plusieurs modèles qui varient selon les cultures.
Le fait qu’il existe plusieurs perspectives d’une même situation ne me décontenance pas. Au contraire, cela pique ma curiosité et je trouve cela intéressant.
Q : Il y a plusieurs nouveaux visages au sein du comité de direction. De manière générale, comment ces nouveaux alliés vous aideront-ils à accomplir vos objectifs ?
F.P. : Je suis quelqu’un qui fait confiance à ses alliés et je leur accorde énormément de latitude dans leur champ d’activités. J’ai donc cherché à m’entourer de personnes crédibles et compétentes. Je visais aussi une certaine diversité des âges et des sexes, parce qu’il y avait un certain rééquilibrage à faire à cet égard.
Ensuite, j’ai choisi des gens qui peuvent avoir des points de vue différents des miens, mais dont les valeurs sont très compatibles avec les miennes. Donc des personnes très respectueuses des autres, pour qui la transparence et le côté humain sont naturels, et qui veulent bâtir des consensus.
Ces nouveaux alliés vont nous permettre tout d’abord de poursuivre notre objectif premier d’exceller en recherche et en enseignement.
Et autant l’École doit se distinguer à l’échelle internationale, autant elle doit demeurer connectée aux besoins de notre environnement à l’échelle locale, en étant pertinente et inspirante.
Je pense entre autres à ce qu’on fait avec le programme entrePrism qui fournit un appui aux immigrants qui souhaitent se lancer en affaires. C’est un exemple qui me rend fier de l’impact que l’on a sur notre communauté.
Les gens en place au comité de direction sont tous des personnes qui, par leurs actions passées ou présentes, incarnent cette capacité à mener des projets inspirants. Ce sont des gens qui vont innover et amener l’École à d’autres niveaux. C’est une équipe en laquelle j’ai très confiance.