10e édition de l’État de l’énergie au Québec
8 février 2024
Il est encore trop tôt pour distinguer entre les effets de la pandémie, des prix et de la transition énergétique au Québec dans les données de production et de consommation. Les ventes de produits pétroliers, par exemple, ont augmenté de 7 % de 2021 à 2022, et on ajoute toujours plus de gros véhicules au parc automobile. Ceci illustre l’écart entre nos habitudes de consommation d’énergie et les cibles, qui sont encore loin d’être atteintes.
Tels sont les principaux constats de l’État de l’énergie au Québec 2024 qui vient d’être dévoilé par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Rédigé par le titulaire de cette dernière, Pierre-Olivier Pineau, ainsi que par Johanne Whitmore, ce bilan annuel est réalisé avec le soutien financier du gouvernement du Québec. En voici quelques faits saillants.
Difficulté de rompre avec l’inertie du passé
- Les tendances relatives à la consommation d’énergie devront changer pour permettre au Québec d’atteindre les cibles de 2030, notamment en matière d’atténuation des gaz à effet de serre.
- Depuis 2014, le parc automobile et la superficie de plancher à chauffer ont continué d’augmenter plus vite que la population, sauf en 2022 où un ralentissement de la croissance a été observée.
- La performance énergétique des industries demeure inchangée et la consommation énergétique par habitant demeure l’une des plus élevées au monde.
« Pour réussir la transition, il faudra en priorité réduire notre consommation énergétique afin de mieux absorber les coûts des énergies émergentes et de l’électrification, rappelle M. Pineau. Un plus grand recours à l’écofiscalité, à l’économie circulaire ainsi qu’à des normes d’efficacité est nécessaire. »
Consommation d’énergie et vente de véhicules
- Les consommations d’essence, de diesel et d’autres produits pétroliers ont continué leur remontée, sans toutefois rattraper les niveaux prépandémiques en 2022.
- La part des ventes de VUS et d’autres camions à essence continue d’augmenter dans le marché : 70 % en 2022, contre 24 % en 1990.
- En 2022, les véhicules électriques représentaient 13 % des ventes de nouveaux véhicules.
- Au Québec, près de 60 % de l’énergie consommée par le secteur industriel est perdue. Il n’y a qu’environ 26 certifications de la norme internationale de système de gestion de l’énergie (ISO 50001) à l’échelle du Canada, dont environ 5 au Québec, contre 5 523 en Allemagne.
Électricité : des besoins importants en puissance et en énergie
- Aux 46 000 MW de puissance installée au Québec, Hydro-Québec estime qu’il faudra ajouter environ 15 000 MW (+33 %), tout en réussissant à éviter de consommer 3 500 MW aux heures de pointe en 2035.
- L’interfinancement des clients résidentiels (c’est-à-dire la portion des coûts assumée par les clients industriels et commerciaux) a encore augmenté en 2022. Les clients industriels paient 105 % des coûts de leur consommation, et 133 % pour les clients commerciaux, comparativement à moins de 86 % pour les clients résidentiels.
- Les ménages ayant des revenus de plus de 150 000 $ en 2019 ont consommé en moyenne plus de 25 000 kWh, alors que les ménages gagnant moins de 40 000 $ n’ont consommé que 13 000 kWh. Les ménages mieux nantis sont donc ceux qui bénéficient le plus de l’interfinancement : il représentait une réduction de 319 $ en 2022 pour ceux ayant un revenu supérieur à 150 000 $ contre seulement 164 $ pour ceux au revenu inférieur à 40 000 $.
Nouvelles filières énergétiques
- Malgré leur importance pour la transition énergétique, il n’existe actuellement aucun recensement officiel et public, tant fédéral que provincial, de l’ensemble des projets des nouvelles filières énergétiques.
- En 2023, les capacités de production de biodiesel et d’éthanol sont restées quasi inchangées par rapport à 2021.
- Le nombre de projets d’hydrogène vert répertoriés qui étaient à l’étude, en attente d’autorisation de bloc d’énergie et d’autoproduction, ou en développement, est passé de 4 à 14, de 2022 à 2023, totalisant une production de plus de 900 000 kg d’hydrogène vert par jour et une puissance totale d’électrolyseur de 3 000 MW.
Défis régionaux
- De 2010 à 2021, le nombre de véhicules par 1 000 personnes habitantes a augmenté dans presque toutes les régions du Québec (sauf en Montérégie), passant de 543 à 580.
- Par contre, les ventes annuelles de carburant par personne habitante diminuent au Québec – de 1 083 litres en 2010 à 956 litres en 2022 –, sauf dans 4 régions : Mauricie, Estrie, Nord-du-Québec et Gaspésie.
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État de l’énergie au Québec 2024