La chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal publie l'État de l'énergie au Québec 2021
Jeudi 28 janvier 2021
Montréal, le 28 janvier 2021 – La consommation de produits pétroliers s’est accrue de 5 % de 2013 à 2019, et les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de près de 3 % entre 2017 et 2018. La COVID-19 aura eu un effet significatif sur la consommation d’énergie en 2020, mais la reprise des activités a fait remonter les niveaux de consommation, notamment en raison du maintien de la trajectoire des ventes de véhicules énergivores. Ce sont les principaux constats de l’État de l’énergie au Québec 2021, dévoilé aujourd’hui par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Ce bilan annuel, qui rassemble les données les plus récentes sur le secteur de l’énergie dans un contexte de décarbonisation, est réalisé avec le soutien financier du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.
La part des camions légers toujours plus grande dans le parc automobile
« L’insistance du gouvernement québécois en faveur de l’électrification, et surtout en direction du secteur des transports, n’a pas permis de faire fléchir les tendances de consommation de produits pétroliers et d’émissions de gaz à effet de serre (GES) », s’inquiète Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire. En effet, malgré l’accroissement des ventes de véhicules électriques, qui représentaient 6 % des ventes totales en 2019, et du déploiement de bornes de recharge, la part de marché des camions légers (dont les VUS) augmente toujours et représente 69 % des ventes totales en 2019.
« La crise de la COVID-19, l’économie au ralenti et la lutte contre les changements climatiques n’auront donc pas freiné l’appétit d’ajouter de gros véhicules au parc automobile du Québec, souligne M. Pineau. Sans mesures additionnelles à celles identifiées dans le Plan pour une économie verte 2030, il est difficilement envisageable que nous atteignions nos objectifs climatiques. »
Selon lui, pour réussir la transition, il faudra d’abord réduire et optimiser sa consommation, passer aux énergies renouvelables et ensuite électrifier, comme cela se fait en Allemagne. En outre, un plus grand recours à l’écofiscalité, à l’économie circulaire et à la réglementation est à considérer.
Faits saillants
Consommation d’énergie et vente de véhicules
- La COVID-19 a eu un impact significatif à la baisse de consommation d’énergie au Québec en 2020, mais la reprise de l’activité a fait remonter les niveaux de consommation. Ce sont pour les produits pétroliers que les chocs ont été les plus grands : de juillet à septembre 2020, les ventes pour l’ensemble du Canada ont continué d’être 15 à 20 % sous le niveau de l’année précédente.
- Malgré la pandémie, les ventes de véhicules ont suivi leur trajectoire des dernières années : plus de VUS et autres camions légers (+284 % entre 1990 et 2019), moins de voitures (-29 % entre 1990 et 2019). La composition du parc de véhicules est importante pour suivre la consommation de produits pétroliers.
- Une fracture régionale se produit : alors que le nombre de véhicules par 1 000 habitants a augmenté de 5 % à 12 %, dans les régions moins urbaines du Québec, entre 2010 et 2019, cette augmentation est sous les 5 % à Montréal, à Laval et dans la Capitale-Nationale. Les ventes de carburant par personne dans ces trois régions ont diminué, mais elles ont augmenté dans toutes les autres régions du Québec.
- Depuis 2015, les approvisionnements en pétrole canadien et américain ont considérablement augmenté. En 2020, il est estimé qu’environ 46 % provenaient de l’Ouest canadien et 54 % des États-Unis.
Projets novateurs en faveur de la décarbonisation
- Malgré la continuité des tendances passées, des projets innovateurs font évoluer le secteur de l’énergie au Québec : la biométhanisation progresse, de nouvelles usines de biocarburant sont prévues et plusieurs projets impliquant l’hydrogène vert sont en préparation.
- Pour la lutte contre les changements climatiques, ces projets seront bienvenus, car les émissions de GES augmentent au lieu de diminuer comme il le faudrait pour atteindre les cibles. Mais pour se mettre solidement sur les trajectoires de réduction de GES, des changements bien au-delà des nouvelles installations d’énergie renouvelable seront nécessaires.
Besoin d’améliorer notre accès aux données énergétiques
Les auteurs constatent également que les données énergétiques sont dans un piètre état au Québec comme au Canada. Le manque d’accès global, en raison de données souvent agrégées, étiquetées comme confidentielles ou parfois même incohérentes, limite la compréhension du secteur. « Nous avons de grands défis à relever et nous avons les moyens de le faire, mais pour redresser des tendances problématiques, les autorités doivent baser leurs décisions sur des données fiables, objectives et détaillées concernant les ressources énergétiques et l’usage qui en est fait », résume M. Pineau.
Pour en savoir plus, consultez l’État de l’énergie au Québec 2021, rédigé par Johanne Whitmore et Pierre Olivier Pineau.
Inscrivez-vous au lancement virtuel, le 28 janvier, à 13 h, en présence de M. Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles.
À propos de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal
Créée en 2013, la Chaire a pour mission d’augmenter les connaissances sur les enjeux liés à l’énergie, dans une perspective de développement durable, d’optimisation et d’adéquation entre les sources d’énergie et les besoins de la société.
Renseignements
Émilie Novales
Conseillère principale en relation avec les médias, HEC Montréal
emilie.novales@hec.ca
438 520-3536