Le Québec se prive d’un fort potentiel de richesse pour une relance inclusive
80 % des entrepreneurs immigrants estiment que leur statut freine la réalisation de leurs projets
Mercredi 8 septembre 2021
Montréal, le 8 septembre 2021 – La base entrepreneuriale HEC Montréal et l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal, en partenariat avec la Chaire BMO en diversité et gouvernance de l’Université de Montréal, le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat et Réseau Mentorat, dévoilent aujourd’hui les résultats de leur rapport intitulé « Entrepreneuriat immigrant au Québec : un écosystème entrepreneurial catalyseur ou inhibiteur? ». Cette étude, la première de cette ampleur au Québec, a été effectuée en 2020 et 2021 à partir des données de l’indice entrepreneurial québécois et d’entrevues menées auprès de 34 entrepreneurs; elle confirme plusieurs obstacles qui se sont accentués pendant la pandémie et met très clairement en évidence un potentiel de création de richesse favorable à une relance inclusive de la province.
Des intentions entrepreneuriales élevées, mais qui ont du mal à se concrétiser
Les résultats de l’étude confirment l’audace et la fibre entrepreneuriale des personnes immigrantes, puisqu’elles sont deux fois plus nombreuses que les natifs à manifester des intentions de se lancer en affaires (28 % contre 14,7 %).
Toutefois sur le terrain, l’écart est moindre, car les entrepreneurs immigrants créent ou reprennent pratiquement le même nombre d’entreprises que les natifs (5,9 % contre 5,5 %). Par ailleurs, le nombre de fermetures est plus important chez les immigrants (15,9 % contre 11,3 %). Plusieurs obstacles bien connus persistent au Québec, comme l’accès au financement, aux programmes de soutien et aux réseaux de l’écosystème, ainsi que la difficulté à faire valoir l’intérêt d’un projet, autant d’obstacles découlant du statut d’immigrant. En effet, 80 % des entrepreneurs immigrants interviewés considèrent que leur statut d’immigrant représente un frein à diverses étapes de leur parcours entrepreneurial.
Créer des programmes de parrainage entrepreneurial
« Nous savons que le besoin d’accompagnement est plus important pour les entrepreneurs à l’étape du prédémarrage, et ce, surtout pour les immigrants, souligne Luis Cisneros, professeur titulaire au Département d’entrepreneuriat et innovation et codirecteur de la base entrepreneuriale HEC Montréal. Or, même si des programmes d’accompagnement comme les nôtres existent, ils ne peuvent à eux seuls lever toutes les barrières liées au statut des entrepreneurs qui n’ont pas encore la résidence permanente. »
La base entrepreneuriale HEC Montréal et ses partenaires recommandent au gouvernement du Québec de mettre en œuvre des programmes de parrainage entrepreneurial avec l’appui d’organismes certifiés comme les centres d’entrepreneuriat universitaires. L’élaboration de tels programmes permettrait d’avoir accès à l’ensemble du soutien qu’offre l’écosystème entrepreneurial dans le cadre de projets dont les conditions n’entraveraient pas leur réalisation et leur développement.
La pandémie a aggravé les finances et la santé, mais pas la fibre entrepreneuriale
L’étude montre que les entrepreneurs immigrants affichent un taux plus élevé de fermeture d’entreprise que les natifs. La pandémie a aussi aggravé la précarité financière. Au cours de la dernière année, seulement 25,3 % des entrepreneurs immigrants ont eu accès à une subvention, à du financement ou à un crédit d’impôt, comparativement à 44,4 % des natifs. La santé a également été touchée : les entrepreneurs immigrants ont en moyenne un niveau de détresse psychologique plus élevé que les natifs (2,84 % contre 2,68 %).
Les résultats de cette étude indiquent que les personnes immigrantes qui ont entrepris des démarches pour se lancer en affaires sont deux fois plus nombreuses (14,2 %) que les natifs (6,5 %) à vouloir devenir entrepreneurs dès que les conditions économiques et sanitaires seront rétablies. « Les femmes immigrantes manifestent des intentions de se lancer en affaires plus élevées que les femmes natives du Québec et y parviennent dans une moindre mesure. Elles affirment avoir rencontré plus d’obstacles que les hommes immigrants pour ce qui est de l’accès à différents programmes de financement ou d’accompagnement à diverses étapes de leur parcours entrepreneurial. », précise Tania Saba, professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance.
Concernant la relance économique, il apparaît essentiel de soutenir les entrepreneurs immigrants, notamment en ce qui a trait à l’allègement fiscal (80,8 % contre 69,5 %) et au soutien au financement des frais fixes (76,3 % contre 59,7 %).
Une réserve entrepreneuriale importante
L’entrepreneuriat est essentiel à la prospérité et au développement économique du Québec; en ce sens, les entrepreneurs immigrants représentent des atouts considérables. Les personnes immigrantes ont tendance à créer au moins quatre emplois de plus (19,6 %) que les natifs (14,1 %). Selon les résultats, plus de 60 % des personnes immigrantes qui ont entrepris des démarches pour se lancer en affaires ont confirmé leur volonté d’étendre leurs activités professionnelles à l’extérieur de leur province, au Canada et à l’étranger (contre 41,6 % des natifs).
Des leviers pour un écosystème entrepreneurial inclusif et équitable
Les auteurs de l’étude recommandent plusieurs mesures qui permettront aux entrepreneurs immigrants de passer plus facilement à l’action et de s’établir de façon pérenne, entre autres :
- Faciliter l’accès au financement, aux prêts et au crédit;
- Favoriser l’accès à l’information et au réseautage avec les acteurs du milieu de l’entrepreneuriat;
- Repenser le statut migratoire des entrepreneurs immigrants qui n’ont pas encore le statut de résident permanent, afin qu’ils aient accès aux mesures de soutien et d’accompagnement disponibles;
- Offrir un accompagnement adapté aux besoins de ces entrepreneurs par le biais d’incubateurs et d’accélérateurs inclusifs, notamment ceux des universités qui œuvrent dans des lieux multiculturels propices à l’intégration;
- Accroître la crédibilité de ces personnes et travailler sur les préjugés inconscients au sein de l’écosystème.
Méthodologie
Les résultats de l’étude reposent sur les données de l’enquête provinciale réalisée par l’Indice entrepreneurial québécois du Réseau Mentorat en décembre 2020 auprès d’un échantillon de 5 344 répondants. Pour compléter le portrait, 34 entrepreneurs ont été interviewés pour valider et approfondir certains aspects.
À propos de la base entrepreneuriale HEC Montréal
La base entrepreneuriale HEC Montréal promeut et assure le transfert des bonnes pratiques et des connaissances de pointe en matière d’entrepreneuriat en démarrage, en accélération et en reprise d’entreprise. Elle est pionnière au Québec dans l’accompagnement de femmes et d’hommes entrepreneurs issus de la diversité et près de 250 entreprises technologiques et numériques ont bénéficié de ses programmes. Environ 60 % des entrepreneurs accompagnés sont issus de la diversité culturelle et la moitié de l’ensemble des entreprises est fondée par des femmes. La base entrepreneuriale est appuyée par l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal, Familles en affaires – HEC Montréal et la plateforme numérique EDUlib.
À propos de la Chaire BMO en diversité et gouvernance
Fondée en 2017 par la professeure Tania Saba, grâce à un généreux don philanthropique de la BMO, la Chaire en diversité et gouvernance de l’Université de Montréal constitue un pôle d’excellence interdisciplinaire en recherche et en formation sur le thème du « vivre ensemble » dans des sociétés marquées par plusieurs types de diversités. La Chaire a comme objectif de stimuler la réflexion autour des enjeux en matière de diversité et de gouvernance au sein des organisations. Ses activités visent à contribuer aux efforts de développement et de mise en œuvre de stratégies organisationnelles et institutionnelles visant l’égalité, la diversité et l’inclusion.
Renseignements
Émilie Novales
Conseillère principale en relation avec les médias
HEC Montréal
emilie.novales@hec.ca
438 520-3536
Source
La base entrepreneuriale HEC Montréal
Rahma Chouchane
rahma.chouchane@hec.ca