Salle de presse > Communiqués > 2023 > Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques de HEC Montréal : projection du soutien à l’autonomie au Québec jusqu’en 2040

Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques de HEC Montréal : projection du soutien à l’autonomie au Québec jusqu’en 2040

Mercredi 15 novembre 2023

 

Montréal, le 15 novembre 2023 – Dans un contexte où le Québec fait face à des défis importants en termes de soutien à l’autonomie, la Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques de HEC Montréal dévoile une nouvelle projection détaillée du soutien à l’autonomie au Québec jusqu’à 2040, et ce pour l’ensemble des milieux de vie où résident les personnes ayant des besoins de soutien.

Le Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) a confié le mandat à une équipe de recherche menée par la Chaire de faire des projections de la demande, de l’offre et du financement des services de soutien à domicile (SAD) au Québec. Les préférences de la prochaine génération de bénéficiaires ont aussi été mesurées grâce à une enquête inédite.

Le rapport « Horizon 2040 : projection des impacts du soutien à l’autonomie au Québec » propose une analyse prospective du statu quo, réalisée à l’aide d’un outil novateur. Le statu quo signifie que les modes de financement et d’organisation actuels restent inchangés et que le faible taux de réponse aux besoins observé en SAD est conservé – soit 10 % à 12 % des besoins qui sont couverts par des services financés par le secteur public, complètement ou en partie. La projection du statu quo permet d’établir les constats suivants.

 

Une hausse massive des besoins de soutien

  • Le Québec connaîtra une augmentation massive des besoins en soutien à l’autonomie. De 324 400 personnes ayant des besoins en 2023, on prévoit une augmentation de 223 400 personnes d’ici 2040 (soit +69 %), dont 33 700 personnes supplémentaires avec des incapacités lourdes.
  • Les nouveaux besoins en soutien à l’autonomie représentent 236,2 millions d’heures annuelles additionnelles d’ici 2040, soit une augmentation de 70 %, dont 20,8 millions d’heures correspondent à des soins infirmiers, 83 millions d’heures à des soins d’assistance pour les activités de la vie quotidienne (AVQ) et 132,4 millions d’heures à des services de soutien pour les activités de la vie domestique (AVD).
  • Si la trajectoire actuelle est maintenue, 42 500 places devront être construites en Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ou en Maison des aînés (MDA) d’ici 2040. Cela revient à doubler la capacité d’accueil des CHSLD/MDA.
  • Les résultats par régions du Québec montrent des différences importantes. Le nombre de personnes avec des besoins de soutien à l’autonomie, leurs niveaux de besoins, la répartition des personnes entre milieux de vie et les taux de réponse aux besoins en SAD diffèrent substantiellement d’une région à l’autre. 

 

Des coûts qui explosent

  • La projection du statu quo se traduit par une croissance importante du coût du soutien à l’autonomie pour le gouvernement du Québec, qui passe de 7,6 milliards de dollars en 2023 à 16,5 milliards de dollars en 2040 (en dollars constants de 2023), une augmentation de 120 % sur la période de projection.

 

Des besoins énormes en main-d’œuvre

  • D’ici 2040, il faudra recruter dans le secteur public 13 700 personnes travaillant en soins infirmiers et 45 600 personnes en soins d’assistance et services de soutien, et cela seulement pour maintenir le niveau actuel moyen du soutien à l’autonomie. Cela représente une croissance de 110 % du personnel dédié au soutien à l’autonomie au Québec d’ici 2040.

 

Des préférences claires chez la prochaine génération de bénéficiaires

Une enquête inédite réalisée auprès de 3 000 Québécoises et Québécois âgés de 55 à 69 ans a permis de mesurer les préférences de la prochaine génération de bénéficiaires de soins de longue durée. Différents constats en émergent :

  • Les Québécoises et Québécois montrent une forte préférence pour recevoir des soins à domicile plutôt qu’être hébergés en ressources intermédiaires ou en CHSLD lorsque leurs besoins sont faibles ou modérés. En revanche, aucune préférence claire n’émerge pour le maintien à domicile lorsque les incapacités sont lourdes.
  • Les Québécoises et Québécois accordent une importance faible au type de fournisseur de services (public, organisme à but non lucratif ou entreprise privée à but lucratif). La quantité de services, leur coût et le temps d’attente sont les facteurs déterminant le plus fortement les préférences.

 

Citations

 

« Les résultats présentés dans le rapport de recherche montrent que le maintien du statu quo mène à une impasse sur plusieurs plans : le plan financier, celui de la main-d’œuvre et celui du bien-être des utilisateurs futurs. L’outil développé dans le cadre du mandat et rendu public aujourd’hui permettra d’analyser des alternatives détaillées au statu quo dans des travaux à venir. »

Pierre-Carl Michaud, titulaire de la Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques et professeur titulaire, Département d'économie appliquée, HEC Montréal

 

« Cet outil innovant développé par la Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques de HEC Montréal, accompagné de sa projection détaillée du soutien à l’autonomie au Québec jusqu’à 2040, contribue de façon déterminante aux travaux du CSBE sur la question et éclaire le débat public. Il sera également incontournable pour les décideurs gouvernementaux en matière de soutien à domicile, mais aussi pour appuyer l’examen de nouvelles politiques qui tiennent compte des préférences de la population. »

Joanne Castonguay, Commissaire à la santé et au bien-être

 

Pour en savoir plus, consultez le rapport Horizon 2040 : Projection des impacts du soutien à l’autonomie au Québec, préparé par les chercheurs Nicholas-James Clavet, Réjean Hébert, Julien Navaux et Michel Raîche sous la direction de Pierre-Carl Michaud pour le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec.

 

À propos de la Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques de HEC Montréal

La Chaire a pour mission d’analyser avec la plus grande rigueur académique plusieurs grands défis économiques auxquels le Québec est confronté. Pour ce faire, la Chaire veut :

  • Enrichir les débats politiques et aider les décideurs publics avec des travaux d’une rigueur académique irréprochable;
  • Étudier les phénomènes ayant un impact majeur sur notre capacité à augmenter la productivité et la prospérité du Québec;
  • Renforcer les compétences de HEC Montréal en politiques économiques;
  • Rejoindre, inspirer et intéresser les étudiants et professeurs aux questions de politiques économiques touchant le Québec.

Les travaux de la Chaire s’articulent autour de trois axes de recherche : santé et vieillissement de la population; rareté de main-d’œuvre et marché du travail; politiques sociales, efficacité et redistribution. La Chaire réunit désormais plus d’une douzaine de partenaires publics et privés.

 

Renseignements
Émilie Novales, ARP 
Conseillère principale en relation avec les médias
438 520-3536
emilie.novales@hec.ca