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La Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal publie la 11e édition de l'État de l'énergie au Québec

Jeudi 13 février 2025

 

Montréal, le 13 février 2025 – Si plusieurs avancées dans l’encadrement du secteur de l’énergie ont eu lieu durant la dernière année, les constats pratiques que l’on peut faire en 2025 ont peu évolué. Un rattrapage postpandémique fait augmenter la consommation totale d’énergie plus rapidement que l’économie et la population. Les ventes de produits pétroliers continuent leur remontée. Pour rappel, la cible québécoise est de réduire cette consommation de 40 % d’ici 2030. En outre, environ 40 % de l’énergie consommée par l’industrie, le transport et les bâtiments est perdue et l’on gagnerait donc à augmenter l’efficacité énergétique dans ces secteurs. Ce sont les principaux constats de l’État de l’énergie au Québec 2025, dévoilé aujourd’hui par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Ce bilan annuel est réalisé avec le soutien financier du gouvernement du Québec. 

 

Baisse de la productivité énergétique

En 2022, dernière année où les données sont disponibles, la productivité énergétique du Québec a régressé de 3 %, pour la première fois depuis 2009. Cela signifie que la consommation énergétique a augmenté plus rapidement que la richesse (mesurée par le produit intérieur brut). « Faire de l'efficacité énergétique une priorité, au même titre que la production d’énergies propres, sera essentiel pour rendre la transition moins coûteuse et plus équitable, tout en favorisant la croissance économique et la sécurité énergétique du Québec », souligne Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire.

 

Revoir l’approche pour renverser les tendances

« Réaliser la transition exigera que le Québec renverse ses tendances relatives à la consommation énergétique afin de mieux absorber les coûts des énergies émergentes et de l’électrification », rappelle M. Pineau. L’approche québécoise repose davantage sur des mesures incitatives, comme des subventions pour des thermopompes. Un plus grand recours à des mesures fiscales, tarifaires et règlementaires, ainsi qu’à des normes d’efficacité, est nécessaire pour aligner les marchés avec l’objectif de carboneutralité d’ici 2050 », poursuit-il.

 

Progrès possible à venir

À cinq ans de 2030, il reste très peu de temps pour atteindre la cible de réduction d’émissions de GES du Québec. L’impact de certaines mesures annoncées pourrait contribuer à atteindre la cible. « La consommation de produits pétroliers pourrait baisser dans les années à venir si le parc de véhicules à essence et au carburant diesel diminuait et si la proportion de biocarburant intégrée aux carburants continuait d’augmenter », observe M. Pineau. Les demandes de hausse tarifaire d’électricité et de gaz naturel, l’interdiction de la vente de véhicules légers à essence en 2035, la révision des règles du marché du carbone et l’entrée en vigueur de la Loi sur la performance environnementale des bâtiments pourraient également faire fléchir notre consommation. 

 

Faits saillants 

Consommation d’énergie et vente de véhicules

  • Malgré 19 % de véhicules électriques dans les ventes de nouveaux véhicules en 2023, la consommation totale de produits pétroliers (essence, diesel, etc.) a cru en 2023, atteignant même un record pour les ventes d’essence destinées aux véhicules automobiles.
  • La part des ventes de VUS et autres camions à essence continue d’augmenter dans le marché : 80 % en 2023, contre 24 % en 1990.
  • Une tendance encourageante : le nombre de véhicules par 1 000 habitants commence à décliner, après un sommet atteint en 2021.
  • L’intensité carbone liée à la consommation énergétique du secteur industriel a baissé de 10 % depuis 1990, soit 0,3 % par an en 32 ans. Ce résultat indique que le secteur industriel, en général, a peu décarboné ses sources d’approvisionnement depuis 1990.
  • La consommation énergétique par habitant au Québec (191 GJ) demeure l’une des plus élevées au monde. En comparaison, l’Ontario affiche 161 GJ/habitant et l’Allemagne 105 GJ/habitant. Ce résultat s’explique en partie par la consommation industrielle liée à l’hydroélectricité qui a attiré ici des secteurs industriels énergivores.

 

Électricité : Une production en baisse, un inter financement en hausse

  • La production d’électricité au Québec a fortement baissé en 2023 par rapport aux années précédentes (environ 20 TWh de moins), passant sous le niveau de 200 TWh pour la première fois en 10 ans.
  • Les plus faibles apports d’eaux observés au Québec depuis 1943 expliquent cette chute de la production.
  • La demande d’électricité reste cependant stable, avec des pointes de consommation durant les périodes froides. L’ampleur des infrastructures, utiles seulement 0,3 % du temps (plus de 4 000 MW), illustre le défi de gestion de la pointe de consommation électrique.
  • Les clients résidentiels continuent de bénéficier de l’inter financement en 2023. Ils ont payé 82 % des coûts induits par leur consommation, le reste étant compensé par les clients industriels et commerciaux.
  • Les 20 % des ménages ayant les revenus les plus faibles dépensent environ 960 $ en électricité par année, alors que les 20 % des ménages ayant les revenus les plus élevés dépensent au-delà de 2 500 $.

 

Nouvelles filières énergétiques

  • Il n’existe actuellement aucun recensement officiel et public, tant fédéral que provincial, de l’ensemble des projets des nouvelles filières énergétiques.
  • Biocombustibles liquides. En 2024, les capacités de production de biodiesel et d’éthanol sont restées quasi inchangées par rapport à 2023.
  • Gaz naturel renouvelable (GNR). En date du 30 septembre 2024, le GNR représentait 2 % des volumes dans le réseau gazier. En 2023, un total de 137 millions de mètres cubes (Mm3) de GNR a été produit au Québec, dont 86 % (119 Mm3) étaient exportés vers les États-Unis, où il est possible de le valoriser à meilleur prix. En 2024, le prix du GNR était d’environ 22 $/GJ, comparativement à moins de 3 $/GJ pour le gaz naturel fossile (avant transport, distribution et autres frais).
  • Hydrogène. En 2024, l’hydrogène représentait moins de 1 % du bilan énergétique québécois, dont environ 91 % étaient faits à partir d’hydrocarbures et seulement 2 % à partir d’électricité renouvelable (hydrogène vert). Un total de 11 projets d’hydrogène vert répertoriés étaient à l’étude, en attente d’autorisation de bloc d’énergie et d’autoproduction, ou en développement, totalisant un potentiel de production de plus de 700 000 kg d’hydrogène vert par jour et une puissance totale d’électrolyseur d’environ 1 800 MW.
  • Blocs d’électricité. Selon des estimations, environ 1 790 MW de blocs d’électricité ont été accordés à des projets depuis le premier octroi en 2023. Environ 39 % de cette capacité est dédié à la filière des batteries, 33 % à la production d’hydrogène vert et bioénergies, 19 % à des projets d’intérêt public, 7 % aux mines et métaux et 2 % pour d’autres projets.

 

Marché du carbone

  • Les émissions totales de GES n’ont pas baissé au Québec en 2023 par rapport à 2022, avec une augmentation de 3,1 % des émissions liées à l’énergie. Les émissions non liées à l’énergie ont baissé de 1 %. Ce sont 1,4 million de tonnes en plus en sol québécois qui ont été émises. Les achats nets de droits d’émission californiens ont aussi augmenté, à plus de 10 millions de tonnes.
  • Le prix de la tonne de GES a atteint un record en 2024 à 56,6 $, mais a terminé l’année à un niveau plus bas, à 44,6 $.

Pour en savoir plus, consultez l’État de l’énergie au Québec 2025, par Johanne Whitmore, chercheuse principale, et Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire.

Inscrivez-vous au lancement virtuel, le 13 février, à 14 h 00.

 

À propos de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Créée en 2013, la Chaire a pour mission d’augmenter les connaissances sur les enjeux liés à l’énergie, dans une perspective de développement durable, d’optimisation et d’adéquation entre les sources d’énergie et les besoins de la société. Elle publie l’État de l’énergie au Québec depuis 2014, et en collaboration avec le gouvernement du Québec depuis 2019.

 

Contact

Émilie Novales
Conseillère principale en relation avec les médias
HEC Montréal
emilie.novales@hec.ca
438.520.3536