Prix de gestion culturelle 2025 : Fonder, énergiser et édifier dans la durée!

Mardi 8 avril 2025

Montréal, le 8 avril 2025 – La Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC Montréal a annoncé aujourd’hui les lauréats de ses Prix de gestion culturelle 2024. À l’occasion d’un événement de remise de ces prix à HEC Montréal, Élizabeth-Ann Doyle, cofondatrice et directrice générale et artistique de MU, a remporté le Prix de carrière et Etienne Lavigne, directeur général du Festival des Arts de Saint-Sauveur, le Prix jeune gestionnaire en culture. De plus, le jury a accordé un Prix spécial à Lorraine Pintal pour sa contribution exceptionnelle à titre d’ex-directrice générale du Théâtre du Nouveau Monde. Ces distinctions permettent de souligner le rôle des gestionnaires culturels et de faire rayonner leurs réalisations dans la société.

Élizabeth-Ann Doyle: fonder un organisme dédié à se réapproprier l’espace public par l’art

En 2006, Élizabeth-Ann Doyle fonde, de concert avec Emmanuelle Hébert, MU, un organisme dédié à transformer l’espace public montréalais, « parce que l’art nourrit au quotidien le rapport à la ville et à l’autre ». Le nom de l’organisme est choisi non seulement parce qu’il fait écho à l’art mural, mais aussi pour sa connotation de transformation, parce qu’il agit « comme la mue d’un animal (…) en donnant aux murs de Montréal une nouvelle peau », comme le décrit le site web de l’organisme. Les membres du jury ont souligné le véritable caractère entrepreneurial d’Élizabeth-Ann Doyle, « qui a bâti un modèle d’affaires original et viable en appliquant des principes de gestion propres au monde des affaires, dans un cadre sans but lucratif et empreint d’une vision de la beauté de la métropole ». En favorisant la rencontre des citoyens avec l’art, elle a aussi permis à plus de 15 000 jeunes de bénéficier d’ateliers d’art mural visant la persévérance scolaire, la confiance dans sa propre expression artistique et le soutien aux créatifs de demain.

Parallèlement à ses études en histoire à l’Université de Montréal, elle devient en 1992 responsable des services aux visiteurs du Musée des beaux-arts de Montréal et suit des cours en gestion des arts à HEC Montréal. En 1998, elle occupe les postes de Gérante de la billetterie, puis d’agente de marketing et de relations publiques au Cirque du Soleil, avant d’occuper celui de designer d’événements spéciaux. En 2005, elle devient la productrice de Carlito Dalceggio, un artiste multidisciplinaire montréalais, puis fonde MU en 2006. Depuis bientôt 20 ans, MU a créé 250 fresques et plus de 500 murales dans tous les quartiers de la métropole, remettant plus de 6,5 M$ en honoraires à plus de 200 artistes et créant tout autant d’emplois étudiants. Lors de sa carrière, Élizabeth-Ann Doyle a reçu de nombreux prix et reconnaissances, dont le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal et l’Ordre de Montréal.

Etienne Lavigne : réénergiser un festival

En soutenant sa candidature, Caroline Ohrt, la productrice générale de la danse au Centre national des arts, souligne « qu’après avoir effectué une transition sans faille entre son métier de danseur et celui de gestionnaire visionnaire, il s’est nourri de la créativité du premier et de la rigueur du second pour réénergiser le plus grand festival de danse en dehors des grands centres au Canada ». De son côté, le jury a noté qu’Etienne Lavigne « a structuré et soutenu la croissance exceptionnelle du Festival des Arts de Saint-Sauveur, non seulement en en faisant l’événement phare de la ville, mais aussi en assurant le rayonnement de la danse ici et à l’étranger au sein de Côté Danse ».

Après sa formation de danseur entre autres à l’École supérieure de ballet du Québec, Etienne Lavigne rejoint le Ballet national du Canada en 1997; jusqu’en 2017, il y a dansé plus de 1 500 représentations devant 3 millions de spectateurs, mais un accident réoriente sa carrière. Il poursuit des études de gestion poursuit des études de gestion à la Toronto Metropolitan University et cofonde avec Guillaume Côté en 2013 Anymotion Productions qui deviendra Côté Danse. En 2016, il est nommé Directeur général du Festival des Arts de Saint-Sauveur. En huit ans, il double les revenus du Festival, qui atteignent 1,6 M$ en 2024 et fait croître sa fondation jusqu’à 3,3 M$. En 2024, alors que plusieurs organismes n’ont pas encore retrouvé leur public prépandémique, il augmente de 36% les revenus de billetterie du Festival, comparativement à 2019.

Grâce au travail inlassable d’Etienne Lavigne, le Festival reçoit, en 2020, le Prix Opus du Diffuseur spécialisé de l’année au Québec et, en 2022, le Prix Ambassadeur des Laurentides aux Grands Prix de la Culture.

Lorraine Pintal : édifier une institution dans la durée

Depuis la fondation des Prix de gestion culturelle en 2011, le jury n’a jamais accordé de Prix spécial, mais cette année il a affirmé : « devant les accomplissements exceptionnels de Lorraine Pintal comme directrice générale du Théâtre du Nouveau Monde, il faut souligner ce parcours unique, ne serait-ce qu’au plan de la gestion ».

À sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 1973, elle cofonde la compagnie de théâtre La Rallonge avec quelques artistes de sa promotion, « où son esprit d’entrepreneure s’est révélé à travers une gestion collective et novatrice pour une compagnie dédiée à la recherche », comme l’écrit le parrain de sa candidature, Stéphane Lavoie, lauréat du Prix de carrière en gestion culturelle en 2020. En 1981, elle signe sa première mise en scène d’un texte de Marie Laberge; puis, ce sera au tour des grandes œuvres de Dubé, Ducharme et Gauvreau. À partir de 1987, Radio-Canada lui confie la réalisation d’émissions dramatiques; en 1992, elle affirme ses qualités de leader en coordonnant et réalisant la série Montréal P.Q. de Victor Lévy-Beaulieu, incluant la gestion budgétaire, la planification du travail et la négociation des contrats.

En 1992, le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) la choisit comme sa première directrice, dans un moment difficile ; elle redresse le bilan financier, rachète le théâtre et lance un premier projet de rénovation en 1997. En 2021, elle lance la deuxième rénovation majeure du TNM dont le coût total dépassera 30 M$. Pendant toutes ces années, elle gérera une équipe de plus de 80 personnes à temps plein ou partiel, un budget qui atteint aujourd’hui près de 11 M$ et un actif de 64 M$. Après 33 ans à la barre du TNM, elle laisse une institution en plein essor entre les mains de deux codirecteurs, dont le Directeur administratif Étienne Langlois, lauréat du Prix ARDI du jeune gestionnaire culturel en 2023.

Bourses et jury

Le Prix de carrière est doté d’une bourse de 5 000 $ et le Prix jeunesse, de 1 000 $.

Le jury était composé de :

• Nassib El-Husseini, directeur général des 7 Doigts de la main, et lauréat du Prix du gestionnaire culturel 2019 ;
• Mario Fortin, ex-président et directeur général des Cinémas Beaubien, du Parc et du Musée, et lauréat du Prix du gestionnaire culturel 2012 ;
• Francine Lelièvre, ex-directrice générale de Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal, et lauréate du Prix gestionnaire culturel 2015 ;
• Nathalie Marcoux, vice-présidente aux finances, Capinabel inc., et membre du conseil d’administration, TC Transcontinental inc.;
• Louise Poulin, ex-présidente et directrice générale, ArtExpert;
• Danielle Sauvage, ex-directrice générale du Conseil des arts de Montréal;
• François Colbert, titulaire de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux, HEC Montréal.

À propos des Prix de gestion culturelle

Ces prix sont remis par la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC Montréal. Le Prix de carrière, qui existe depuis 20 11, reconnaît la contribution exceptionnelle d’un ou d’une gestionnaire ayant au moins 20 ans d’expérience. Le Prix jeune gestionnaire, créé en 2021, souligne la première réalisation majeure d’une personne ayant plus de cinq ans d’expérience professionnelle. Les Prix sont attribués par un jury de pairs et ont été remis lors de la Soirée Horizons, organisée de concert avec la Brigade Arts Affaires de Montréal et Culture Montréal.

Source

André Courchesne
Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux
HEC Montréal
andre.courchesne@hec.ca